Du régime des terres et de la condition des personnes aux Antilles françaises avant 1789

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— 85 — lets, je veux dire à acheter une habitation et à la faire valoir, que de travailler pour les autres, de là vient qu'ils sont rares, et que le peu qu'il y en a, exige des salaires excessifs, et parce qu'ils gagnent beaucoup en peu de temps, ils ont bientôt acheté une habitation, après quoi ils n'exercent plus leur art ou leur métier. Dutertre, II, 468. Ce fut par une déformation remarquable de la théorie du contrat de louage, que les colons se procurèrent la main-d'œuvre régulière qu'exigeait la culture des denrées d'exportation. Les lettres patentes de la Compagnie de 1626 portaient, en effet : « que nul ne serait reçu pour aller à ladite entreprise, qu'il ne s'oblige par devant lesdits lieutenants de l'amirauté, de demeurer trois ans avec eux ou ceux qui auront charge et pouvoir d'eux. » Cette idée n'était d'ailleurs pas nouvelle. Les Anglais, depuis longtemps déjà, connaissaient les « indented servants » et il est probable, que c'est chez nos voisins, que la Compagnie de Saint-Christophe alla chercher le modèle de ce contrat. .L'engagé, sous l'ancien régime, était un emigrant, fréquemment un vagabond, que les capitaines de vaisseaux, les Compagnies de colonisation, ou même, de simples particuliers, recrutaient en France, et qui, pour prix de leur passage, s'engageaient à servir, pendant une durée, qui était en principe de trois ans, celui qui avait payé leur passage. A côté de cette catégorie d'engagés bénévoles, il y eut aussi des engagés forcés, recrutés parmi les anciens galériens qui, rompant leur ban, revenaient à Paris ou à la suite de la Cour. Deux Ordonnances royales, des 25 juillet


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