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HISTOIRE D'HAÏTI
Pour ne point paraître ridicule et impuissante, l'Assemblée Constituante délégua l'autorité exécutive provisoirement au général Salnave (6 mai). Le 14 juin enfin, elle nomma Sylvain Salnave président d'Haïti pour une période de quatre ans; son premier ministère comprenait : André Germain : Justice et Finances; Demesvar Delorme : Relations Extérieures, Instruction Publique; Ovide Cameau : Intérieur, Agriculture ; Ménélas Clément : Guerre et Marine. 200. — Le nouveau Président. Au dire de Firmin, son gendre, Salnave n'était nullement préparé à l'exercice du pouvoir; ce n'était qu'un soldat, d'une bravoure légendaire; la Présidence lui plut en ce qu'elle lui permettait d'être général en chef de l'armée haïtienne. Il affecta au pouvoir le mépris des convenances les plus élémentaires et accorda l'entrée de son palais "aux intrigants de bas étage, voire même aux femmes de mauvaise vie." (D'après F. Marcelin). Par contre, les personnes de la société, et la plupart des hommes politiques évitèrent avec soin une si douteuse promiscuité. 201. — Courte session législative. — Affaire Léon Montas. Après avoir nommé Salnave à la présidence, la Constituante se sépara. De nouvelles élections eurent lieu dans le plus grand calme. La nouvelle Chambre compta beaucoup de partisans du Gouvernement déchu. Elle se réunit le 3 octobre. La session ne dura que onze jours. Le général Léon Montas, officier distingué, d'une instruction étendue et variée, nommé par Geffrard commandant du département du Nord, était estimé; on louait sa droiture, sa générosité, son tact. Mais il avait combattu Salnave en 1865 ; il fut arrêté en mai 1867. Pendant cinq mois, emprisonné, tantôt au Cap, tantôt à Portau-Prince, il réclama vainement des juges : il ne fut même pas interrogé.