Le Clergé Colonial de 1815 à 1850

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LE CLERGÉ COLONIAL

Les préfets cherchaient tout ce qu'ils pouvaient pour se rehausser un peu, aux yeux des populations. Ainsi ils avaient introduit tout un cérémonial compliqué pour leur réception dans les paroisses. On en lit la description dans une longue lettre de M. Pastre où il raconte comment il a été reçu dans les paroisses de Bourbon après sa nomination. Cette description se retrouve dans de nombreux autres documents. Il y a même plusieurs récits du même genre, très détaillés, dans L'Ami de la Religion. C'est un cérémonial proprement épiscopal. On leur en avait refusé le titre et les insignes, ils se rattrappaient comme ils pouvaient. Le préfet était reçu à l'entrée du bourg, par le clergé, la municipalité, les fonctionnaires et la foule. Il était conduit en procession à l'église, sous le dais. A la porte le curé lui présentait l'eau bénite et l'encens. Tout cela était vraiment très solennel et bien fait pour frapper l'esprit des populations. Les préfets y tenaient d'ordinaire. Ce fut là une des raisons de M. Castelli contre M. Berthelier. Il accusait ce dernier de lui avoir refusé le dais, un jour d'entrée solennelle à Fort-Royal. Il l'accusait aussi de ne lui avoir pas demandé la bénédiction avant la prédication. C'était là de bien petites choses, semble-t-il, mais elles étaient significatives parce qu'elles représentaient la suprématie du préfet sur le curé. On n'oserait pas affirmer que M. Berthelier n'ait point agi ainsi intentionnellement. De même qu'on n'ose pas donner complètement tort à M. Castelli, bien qu'en la circonstance il ait paru vraiment un peu mesquin. Toutes ces dispositions avaient été prises d'accord avec l'autorité civile, naturellement, puisque l'administration participait toujours aux cérémonies de l'Eglise. Le gouvernement semble avoir voulu réparer un peu par là l'état d'infériorité dans lequel il avait maintenu les préfets. Il avait lui-même réglé tout un cérémonial civil pour la première arrivée du Préfet dans la colonie. Quand il quitte le bord, trois coups de canon par la batterie de la rade; quand son canot arrive à terre, encore trois coups de canon par la


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