Histoire politique et statistique de l' Ile d'Hayti, Saint-Domingue

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LIVRE TROISIÈME.

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cident ; niais tous leurs vaisseaux tombèrent au pouvoir de l'ennemi: douze mille matelots français allèrent périr dans les prisons de l'Angleterre , ou furent forcés de prendre du service sur ses flottes ; une valeur de plus de cent cinquante millions de denrées coloniales fut enlevée par les Anglais ; les forces envoyées dans la mer des Antilles y ruinèrent les colonies sans pouvoir les protéger ; tout y manqua et pour les flottes et pour les armées , et le gouvernement fut obligé de payer jusqu'à quatre et cinq cent pour cent de leur valeur intrinsèque les objets de première nécessité qu'il put trouver. Ce malheureux système prévalut pendant deux ans, durant lesquels ont vit se renouveler dans les colonies toutes les infortunes des guerres précédentes. Dans quelques endroits, le baril de farine fut encore vendu cinq cents livres, la barrique de vin huit cents ; une houe, dont le prix en France était de vingt à vingt-deux sols, fut payée jusqu'à dix-sept livres. Le prix de tous les autres ustensiles nécessaires à l'exploitation des manufactures était dans la même proportion. Le fret monta de douze deniers à quatre-vingt-quatre , et l'on vit des propriétaires qui, pour s'acquitter en France , proposèrent vainement d'abandonner leurs denrées, après qu'elles avaient couru les risques de la mer et de l'ennemi. Le ministère changea, et avec lui les plans de campagne. Les systèmes pour l'approvisionne-


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