Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

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PRISE DE MARACAÏBO.

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hommes, afin d'aller chasser et d'apporter de la viande pour nourrir la flotte. Il forma encore une compagnie, qui devait descendre tous les jours à terre; un capitaine de chaque navire était obligé à tour de rôle d'aller à la tête p o u r la sûreté des chasseurs. Les Espagnols, n'étant pas en grand nombre pour lors en cet endroit, n'osèrent rien entreprendre contre leurs ennemis ; ils se contentèrent de chasser leurs bêtes dans les bois de peur q u ' o n ne les tuât. Cependant, c o m m e les aventuriers avaient besoin de vivres, ils mettaient bas tout ce qui se présentait à eux : ânes ou chevaux, tout les accommodait. Ils ne laissaient pas d'avancer tous les jours dans le pays et parvinrent à la fin jusqu'au lieu où les Espagnols avaient chassé leurs bêtes. Ceuxci, voyant que les aventuriers détruisaient tout, allèrent trouver le président de Saint-Domingue, dont ils obtinrent du secours. Il leur accorda deux compagnies de soldats, qui se mirent en embuscade sur le lieu où les aventuriers devaient passer pour aller à la chasse. Certains mulâtres étaient venus vers le bord de la mer où les

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tiers descendaient ordinairement ; ils firent feinte de chasser avec e m pressement un petit nombre de bêtes. Les Anglais ne manquèrent point de courir après ; mais ces mulâtres, étant en avance sur eux, ne purent être joints que fort près de leur embuscade, d'où il sortit deux Espagnols avec une petite banderole blanche, pour marquer qu'ils voulaient parler. Les aventuriers leur permirent d'avancer et firent aussi avancer deux hommes. Les Espagnols les prièrent de ne pas tuer leurs vaches, leur offrant de leur donner des bêtes s'ils en avaient besoin. Les aventuriers leur répondirent de bonne foi que s'ils voulaient en donner, on les leur payerait, qu'on leur donnerait un écu et demi pour la viande de chaque animal, et qu'ils pourraient profiter du cuir et du suif. Après avoir ainsi traité, les Espagnols se retirèrent. Ils étaient ainsi venus parler aux aventuriers pour les amuser jusqu'à ce qu'ils eussent fait avancer leurs soldats. Afin de les mieux persuader, ils firent paraître quelques bêtes, et au moment où les aventuriers ne se défiaient de rien, ils se virent tout d'un coup entourés d'Espagnols qui fondirent sur eux. Ils croyaient les tailler en pièces, mais en un instant les aventuriers firent face et se mirent en une telle posture qu'ils


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