La perte d'une colonie : La Révolution de Saint-Domingue

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vention. Cotait un expédient sur lequel il ne fallait pas trop compter, eu égard à la situation de la colonie. Sonthonax savait bien qu'avec les forces dont il disposait tant sur terre que sur mer, Port-au-Prince ne pouvait résister longtemps. Néanmoins, il se conduisit comme s'il avait eu à combattre une insurrection générale ; il réunit plusieurs centaines de mulâtres et ordonna d'armer des esclaves. Son activité était prodigieuse et contrastait singulièrement avec l'inertie qu'il n'avait pas cessé de montrer dans le Nord contre les nègres. Les préparatifs contre Port-au-Prince furent bientôt terminés, et le 5 avril 1793, les commissaires arrivaient devant cette ville. L'escadre, composée d'un vaisseau, de deux frégates et d'une g a b a r r e , vint s'embosser devant la place, et ferma la rade. Du côté de la terre, le général de Lasalle occupait les positions de Drouillard et du morne Pelet, et Beauvais, à la tète d'un corps de gens de couleur, celle de Bizoton. Le siège ne pouvait pas être de longue durée.

Des pourparlers eurent lieu entre les commissaires et la municipalité sans aucun résultat. La municipalité consentait bien à recevoir les commissaires, le général de Lasalle. son état-major et les troupes de ligne ; mais elle refusait l'entrée de la ville à la multitude de nègres et de mulâtres qui accompagnaient le corps expéditionnaire, et avaient j u r é l'extermination des blancs de Port-au-Prince. Sonthonax ne voulut écouter aucune proposition et ordonna l'attaque. Le 12 avril, à neuf heures du matin, le vaisseau et les deux frégates ouvrirent le feu ; les forts de la ville ripostèrent, et la canonnade dura jusqu'au soir. L'escadre avait lancé


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