LE PAYS DES
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NÈGRES
appartenant à des Américains et naviguant sous le pavillon des Etats-Unis, d'avoir fait passer des armes et des m u nitions aux Cubains, alors en révolte contre la métropole, mais depuis pacifiés. Pourchassé par leurs croiseurs, c a p turé, puis relâché, le Hornet
arriva, après bien des périls,
dans les eaux du Port-au-Prince, préparant mille embarras au gouvernement. D'un côté, le comte de Valmaceda, capitaine-général de Cuba, exigeait, en menaçant, qu'on lui livrât le corsaire ; de l'autre, M. Basset, ministre des Etats-Unis, le réclamait comme étant de sa nation, en sorte que la République d'Haïti se trouvait entre enclume et marteau, dans l'alternative de déplaire aux Américains en le livrant, ce qui eût été dangereux, ou de le voir saisi de vive force par les Espagnols, ce qui l'eût humiliée. La Churraca
se tenait aux aguets, prête, si le
Hornet
sortait du port, à le happer au passage, pour l'emmener à toute vapeur à la Havane, où officiers et matelots, jugés sommairement, seraient pendus haut et court. A mon arrivée, les choses étaient à ce point et la question restait pendante, faisant autant de bruit que celle du Virginus
devait en faire plus tard.
Survint une complication. Ayant reçu une dépêche, par laquelle le consul de S. M. C. se plaignait d'outrages faits à sa personne par le gouvernement, l'amirauté de Cuba envoya sur-le-champ la Zaragoza joindre à la Churruca,
et le Pizarro
se
pour appuyer les réclamations du
consul. Vingt-quatre heures étaient accordées pour la r é flexion. Ce délai expiré, on agirait. L'effroi fut grand au Port-au-Prince. L e bruit courait que les Espagnols bombarderaient la ville. Le Président, alors en tournée dans le sud, rentrait à la hâte. Il convoquerait les deux Chambres qui aviseraient. Le commandant de l'arrondissement, le général Polémon