Histoire de Surinam

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— 59 — tôt quitter ce district. Après avoir tout préparé pour la réception ceux qui n'avaient pas sollicité leur rapatriement, on leur céda des lots de terrain dans le voisinage de Paramaribo où ils se rendirent par groupes et établireut des fermes. Beaucoup de leurs descendants y habitent encore comme bourgeois aisés, et ils ont gardé un souvenir reconnaissant du Baron Van Raders. Le jour même de son arrivée dans la colonie, le Baron Van Raders eut l'occasion de se rendre compte que les esclaves étaient quelquefois sévèrement punis pour des fautes pourtant légères. De la demeure du gouverneur intérimaire où une sérénade lui était donnée par le corps de musique de la garnison, il vit quelqu'un expulser à coups de fouet quelques esclaves dont le seul tort était de se trouver là et d'écouter la musique. Il ordonna immédiatement qu'on cessât cette réprimande et, sur sa demande, les malheureux esclaves purent assister à toute la fête. Le Baron Van Raders n'eut pas à attendre longtemps pour avoir la conviction qu'il ne pouvait aucunement compter sur le concours du gouvernement hollandais. Il en fit l'expérience notamment lorsqu'il résolut de mettre à exécution le plan, pourtant mûrement étudié, de relier par un canal Paramaribo avec le district de Saramacca. Le double but que poursuivait le gouverneur en effectuant ces travaux était d'obtenir une plus courte jonction de la capitale avec ce. district et, en même temps, de vaincre le préjugé qui existait alors chez le travailleur libre, lequel trouvait le travail de la terre un peu humiliant. Les travaux commencés le 31 août 1846, en présence du gouverneur qui avait fait saluer d'un coup de canon la première pelletée de terre enlevée du sol, se poursuivaient méthodiquement, déjà s'y rendaient avec plaisir plus de 100 citoyens libres, lorsqu'intervint une décision du ministre des colonies « Baud » ordonnant de les suspendre. Cette injonction du ministre causa une grande déception aussi bien au gouverneur qu'à toute la population. L'interdiction du percement du canal obligea, par voie de conséquence, le gouverneur à abandonner le projet qu'il avait formé de placer sur les deux bords du canal des plants de cactus destinés à la propagation des cochenilles. Van Raders n'en eut pas moins la satisfaction d'avoir mis le travail des champs en honneur chez l'habitant libre, et, sur ses instances, s'établit une société pour l'avancement de l'agriculture parmi la population libre, société qui, malheureusement, fut, faute de ressources, dissoute peu d'années après sa création. § 68. — Durant la longue sécheresse de 1846 qui eut comme suite la famine et le manque d'eau, le gouverneur mit tout en œuvre pour venir en aide à la population fortement éprouvée et, â cet effet, aidé d'ailleurs puissammant par la Société de bienfaisance de Surinam, fit apporter de la colonie anglaise voisine des vivres qui, pendant quatre mois, furent distribués à tous les gens nécessiteux.


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