Anthologie d'un siècle de poésie haïtienne : 1817-1925

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LES POÈTES HAÏTIENS

A LA LUNE

Timide voyageuse, ô blanche pèlerine, Sylphe errant dans les nuits, lune chaste et divine, Si triste et si songeuse, où vas-tu dans le ciel ? Quel sort est donc le tien ? Quel voyage éternel ? Combien tes pas sont lents, combien ton front est pâle, Lorsque tu viens, la nuit, poser tes pieds d'opale Au haut de la colline, où tes rayons souvent Répandent je ne sais quel parfum dans le vent. Toi qui portes au front tant de mélancolie, Toi pour laquelle, hélas ! j'ai tant de sympathie, Dis-nous, es-tu le monde où l'âme après la mort, Où l'arbuste, où la fleur, où tout revit encor ? Retrouve-t-on là-haut, astre de l'espérance, Là-haut dans tes vallons si beaux de transparence, Sur les bords embaumés de tes ruisseaux d'argent, Sous l'ombre de tes bois au feuillage changeant, Ses frères, ses amis, son épouse ou sa mère, Tous ces êtres chéris disparus de la terre ? Et les mêmes amours, les mêmes voluptés Que leurs cœurs épanchaient dans nos cœurs enchantés ?


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