Anthologie d'un siècle de poésie haïtienne : 1817-1925

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LOUIS-IIENRY DURAND

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Ou bien, ô ma lointaine, est-ce toi qui, souffrante Comme moi d'un désir mal éteint et qui mord, Descends vers moi, contre la loi, contre le sort, Me livrer le secret de ta chair haletante ? Toi que j'attends depuis longtemps, depuis toujours, Tu sais que je suis tien, tu sais que je t'adore : Je te l'ai dit cent fois et le redis encore, A genoux, à la Nuit plus sainte que le jour. Oh ! Viens, je calmerai tes secrètes alarmes ; Viens reposer ton front douloureux sur mon sein. Mes baisers, sur ton corps se posant par essaims, Vaincront de volupté ton orgueil qui désarme ! Du frisson de ta chair mon être est altéré, Car ta lèvre à ma lèvre est à jamais unie ! Viens, abandonnons-nous à l'ivresse infinie Qui tombe avec la nuit en nos cœurs ulcérés ! Viens, donne-moi tes yeux et donne-moi ta bouche, Donne-toi toute, ô mon aimée, et que le ciel Déjà paré, ce soir, pour l'hymen éternel Soit l'auguste linceul de l'étreinte farouche. (Roses Rouges.)


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