Anthologie d'un siècle de poésie haïtienne : 1817-1925

Page 192

176

LES POÈTES HAÏTIENS

( > le réveil cruel et le sanglant baptême ! En entendant monter le long cri des martyrs, Tu te sens accablé du poids de l'anathème Que jette le sauvage en ses derniers soupirs. Tu parles, mais en vain ! nul n'entend plus l'apôtre Dont la voix maintenant se perd sous les clameurs ! L'on te charge de fers, et, sur ton œuvre, un autre Vient imprimer son nom, tandis que toi, tu meurs !... Mais l'injure est passée, et la gloire est venue. L'honneur est grand, autant que le malheur fut long ; Et beau de ta beauté si longtemps méconnue, L'idéal des chercheurs, tu l'incarnes, Colomb ! Et ce rêve animé, cette œuvre grandiose, Qu'étouffa si longtemps l'ombre des sombres jours, Dans l'ensoleillement de ton apothéose, Sur les temps éblouis va resplendir toujours ! (Impressions.)

OUBLI

J'aime d'un grand amour les tombes délaissées, Je ne sais pas pourquoi, mais il me serait doux D'avoir, pour endormir mes dernières pensées, Un de ces coins perdus, bien oubliés de tous.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.