( 75 ) l'alarme : nous sommes poursuivis par trois bâtimens anglais , au milieu desquels nous donnions , sans la fracture d'une de nos vergues qui a ralenti notre marche. A six heures du matin , les matelots descendent précipitamment dans notre dortoir briser la prison et les rambardes, couper les rabans de nos hamacs , pour donner plus de jeu 6 la frégate. Les uns , a moitié endormis ,
tombent sur les autres; tout est pêle-mêle. Ce désordre ne dure qu'un moment; officiers, soldats, déportés forment un même peuple; tous ont les mêmes senlimens et les mêmes ennemis «à combattre : les uns commandent de sang froid, les autres exécutent de même; ceux-ci préparent les canons, ceux-là se précipitent dans le fond de cale pour passer aux autres, qui jettent à la mer le leste volant et le bois à brûler. On ensevelit dans les flots jusqu'à nos effets. A huit heures, nous découvrons la terre; ce sont les sables d'Arcasson , canton de Médoc, à douze lieues de la rade de Bordeaux. L'ennemi qui nous poursuit avec acharnement, avoit fort bien compris les signaux du capitaine de la Décade. Sa feinte retraite n'est