Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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FRANÇOIS DE COLLART

tinique » et lui accordant à ce titre « douze domestiques exempts des droits personnels dus à la Compagnie, s'il a ce nombre de travailleurs sur son habitation. » Du Parquet s'était campé à Saint-Pierre en attendant qu'une habitation convenable lui fût disposée... Le voisinage des Caraïbes, dix fois plusnombreux dans l'île que les Français, ne le fit pas hésiter longtemps sur le choix d'une résidence môme provisoire. Connaissant la Martinique, il avait déjà ses vues sur ce point important. Ce n'était pas sa propre sûreté qui surtout préoccupait du Parquet ; celle de la colonie lui tenait beaucoup plus à cœur. Nos colons étaient, il est vrai, la plupart armés de mousquets ; mais « ils ont si peu de poudre, qu'en cas d'attaque, ils n'en ont pas chacun de quoi tirer quatre coups' ». Les sauvages heureusement n'avaient pas été en continuel état de révolte contre les étrangers. On avait entretenu leur indolence par des présents de pacotille, souvent renouvelés. Puis, comme ils étaient insatiables, on les avait habitués peu à peu à échanger des fruits, certains légumes-, du gibier, pour des colliers de verroteries et divers objets de minime valeur. Autrement c'eût été ruineux. D'éphémères désirs faisaient convoiter à ces enfants terribles tout ce qu'ils voyaient chez nos colons. Ils se paraient des futilités qu'on leur laissait prendre. De vieux lambeaux de toile à voiles leur servaient de cravates. Des chapeaux hors d'usage devenaient pour eux un couvre-chef fièrement porté. La vue de cent autres bagatelles éveillait leur ambition, qui n'était pas toujours satisfaite à si peu de frais. Ainsi gagnés par l'effet de notre munificence, les Caraïbes s'étaientdécidésà supporter les Français. Ils leur avaient abandonné la partie ouest de l'île, depuis le Macouba (appellation d'origine caraïbe) jusqu'à la baie du sud, qui prit bientôt le nom de « la baie du Marin », parce que Baillardel y créa un quar! Lettre de M. de Poincy à la Compagnie, août 1639.


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