La Guadeloupe et ses enfants célèbres : Dugommier

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— 257 — J'ai passé dans ces champs, le superbe palmiste Balançait dans les airs son panache ondoyant, J'ai passé dans ces champs, ô souvenir bien triste, A mes pieds je l'ai vu gisant : La liane couvrait de son jet trop fertile Son front découronné, Et mon œil consterné, Avec effroi, suivait la trace indélébile, Dont par le ver impur son tronc fut sillonné. Sous cette trop fertile image Aurai-je donc vu son destin ? Et sur ce tranquille rivage L'appellerai-je donc en vain ? Rives du Var, Monts de Pyrène, Ah ! vengez ce nouveau Turenne, Sauvez ce beau nom de l'oubli, A l'hommage de nos familles Offrez la palme des Antilles; Le libérateur du midi, De ses concitoyens organe pacifique, Crût-il en défendant leurs droits Venir du sein de l'Atlantique Pour préluder à de nouveaux exploits? Hélas ! il regagnait ces campagnes fertiles Où la paix fixa son séjour ; Le cœur encor froissé des discordes civiles, Il disait : Sous nos cieux l'ouragan n'a qu'un jour. Anglais ! que n'avez-vous, sur les plaines humides, Ouvert un chemin à ses vœux ? Vers les champs paternels guidez ses pas heureux, Prêtez-lui vos voiles rapides. Que dis-je ? Epargnez-vous des soins bien superflus, Dans ses mains sont vos destinées, Jamais, jamais pour lui des îles fortunées Les palmes ne fleuriront plus. De stupides Brutus ordonnent la victoire, Bientôt nous le voyons, trop docile à leur voix,


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