Le paradis sur terre : Martinique, Guadeloupe, Guyane

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LA GUYANE

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« Il y a des tramways à Demerara, remarquent mes compagnons. La ville, sa banlieue sont desservies. Quel contraste avec Cayenne ! Là, rien... » Sur les trottoirs, des gens de couleur : noirs, mulâtres et Indiens. Ces derniers descendent des coolies amenés par les Anglais quand l'esclavage fut aboli. Ils ont fait souche dans le pays. Les femmes portent encore le long « sari » flottant, une broche en or est fixée à leur narine gauche. Que, dans cette foule de « natives », un Anglais paraisse, c'est extraordinaire comme subitement on le trouve voyant, blanc, blond, rose et alerte. Au bout de la ville, dans le jardin botanique, les arbres ont une splendeur ornementale que complète celle des parterres. Toujours, les Anglais ont eu le sens de la beauté des plantes. C'est un goût naturel chez eux, un besoin de les soigner, d'en être entourés, de les voir vivre, se développer. Épanouies dans le soleil, dans l'humidité, monstrueuses tout de suite, les fleurs étonnent autant qu'elles enchantent. De toute nécessité, paraît-il, je dois gagner certain bassin où se trouvent des sirènes. Elles sont là curiosité du jardin qui lui-même est la curiosité de Demerara. Nous arpentons des allées sans ombre. L'ardeur du soleil est celle d'une bête sauvage qui mord jusqu'aux os. Impression pénible : ma peau semble devenue trop étroite.


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