Esquisses martiniquaises

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ESQUISSES MARTINIQUAISES

enfants sages devraient être au lit, en train de faire dodo ! ...J'entendis la première variante de cette légende sur une plantation près d'Ajoupa-Bouillon. Là on me dit que le Pé Labatt était mort de la morsure d'un serpent, le plus grand qu'on eût jamais vu à la Martinique. Le Père Labat avait cru possible d'exterminer le fer-de-lance, et il avait même adopté des moyens extraordinaires pour en assurer la destruction. En recevant la piqûre qui devait être mortelle, il s'écria : C'est pé toutt sépent qui té ka mode moin. (C'est le père de tous les serpents qui m'a mordu !) Il fit alors le vœu de revenir pour détruire ces reptiles, et il déclara qu'il hanterait l'île jusqu'à ce qu'il n'y eût plus aucun serpent. Et la lumière qui tremblote la nuit autour des pics est bien celle de la lanterne du Père Labat qui chasse encore les serpents. — Ou pà pè suivi ti limié-là piess, continua mon interlocuteur. (Il est impossible de suivre cette petite lumière-là!) Lorsque vous l'apercevez tutod'abord, elle n'est qu'à un kilomètre de distance. L'instant après elle s'éloigne à deux, trois et même quatre kilomètres. On me dit que l'on aperçoit souvent la lumière près de Grande-Anse, de l'autre côté de l'île, — et sur


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