La Guyane-au pays de l'or, des forçats et des peaux-rouge

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DES FORÇATS ET DES PEAUX-ROUGES

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preuves), il arrive qu'un homme s'égare aussi définitivement et dangereusement quant aux suites,... à un quart d'heure d'un campement ou d'une habitation, que s'il s'en trouvait éloigné de plusieurs lieues. Il aura, au moment où il s'apercevra qu'il ne sait plus sa route, une crise d'affolement et il prendra, neuf fois sur dix, une mauvaise direction, s'y jettera à corps perdu, et talonné par la peur et l'anxiété, il ira, il ira, toujours marchant... toujours s'éloignant... pour, sauf des exceptions très rares,... ne jamais plus reparaître. Pour mon compte, après avoir vainement cherché de toutes les façons à reconstituer mon itinéraire, je pris, de guerre lasse, le parti de m'asseoir et d'attendre. Il n'était pas loin de six heures, c'est-à-dire de la fin du jour, quand enfin j'entendis des coups de fusil. C'était évidemment un signal, un appel. C'était mes hommes en effet qui, voyant la nuit proche, commençaient à s'inquiéter de mon absence, et se décidaient à m'indiquer l'emplacement de notre campement en brûlant des cartouches. Je fis moi-même parler la poudre pour leur indiquer ma direction, tout en cheminant dans leur sens. Guidés par nos salves réciproques, je les rencontrai après trente minutes de marche environ, qui venaient en groupe à mon avance... Je leur racontai la cause de mon infortune, l'incident bizarre qui m'avait fait perdre ma route, et leur demandai quel pouvait bien être, d'après eux, cet insaisissable siffleur. — Mais c'est l'arada... et si, au lieu de crier et de l'interpeller, vous lui aviez donné la réplique en


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