Avec les orpailleurs de Guyane

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Danse de la « Corne de Bison » chez les Marias, à Bastar.

plus, fut la remarquable « innocence » de beaucoup d'entre eux. Ils ne se sentaient pas criminels. Ils croyaient qu'un inexplicable destin s'était abattu sur eux. Dans de nombreux cas, leurs crimes n'étaient pas autre chose que de tragiques accidents. Ils formaient un bien triste troupeau.

A cette époque, je sollicitai l'établissement d'une prison spéciale pour les condamnés aborigènes à long terme. Elle devrait ressembler davantage à un camp qu'à une prison. Les prisonniers devraient y jouir de leurs récréations habituelles : la danse, par exemple, et y avoir leur nourriture familière. On leur enseignerait des métiers qui leur seraient utiles quand ils auraient

recouvré la liberté, sauf le tissage, qui est « tabou » pour presque tous ces indigènes. On leur permettrait de parler et chanter librement, ils pourraient fumer. Rien ne devrait tendre à les rendre serviles et obséquieux. Leur esprit devrait être recréé et non abattu, car chez la plupart d'entre eux existe un grand fonds d'innocence naturelle sur laquelle on peut- bâtir.

Les stèles du souvenir... la danse nuptiale.

Détail d'une stèle funéraire sculptée représentant des pleureurs auxquels est servie de la bière de riz.

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Une des choses auxquelles je m'intéressai tout particulièrement, à Bastar, fut la belle stèle élevée à la mémoire des plus notables parmi les Marias. Avoir une stèle équivaut, pour un membre de la tribu, à l'honneur d'avoir été enterré dans l'abbaye de Westminster pour un Britannique. Ces stèles ne sont pas faciles à trouver, mais offrent un grand intérêt. Chacune d'elles est une sorte d'essai de biographie du défunt, matérialisée par le bois. Les motifs sculptés cherchent à donner de l'importance à la situation qu'il occupa, le représentent monté sur un cheval ou un éléphant, portant les symboles de la fortune et du pouvoir. Nous y voyons les danseurs qui firent sa joie et le pot de bière qui ne manqua jamais d'étancher sa soif. On nous montre les couteaux et la hache dont il se servait, les animaux qu'il chassait dans la forêt. Il y avait une stèle intéressante sur le tombeau d'un meurtrier, qui avait été une personnalité remarquable, s'imposant à tout le voisinage. Mais aucune stèle n'était élevée à la mémoire de l'infortuné et négligeable individu qu'il avait tué ! Le plus mémorable des spectacles, chez les Marias, est la superbe danse qui accompagne la cérémonie du mariage. Les hommes, la tête ornée de hautes coiffures surmontées de cornes de bison et frappant leurs longs tambours, forment un large

cercle à travers lequel une file de femmes se fraient un chemin. Cette danse est probablement la plus belle de toutes les danses indigènes de l'Inde. Dans le prochain numéro, deuxième article de :

Peuples de la Forêt de l'Inde : LES

SAORAS

rustiques et laborieux. LES HEUREUX GADABAS

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