La Martinique : historique des paroisses des origines à la séparation

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de la location avant la prise de possession ; qu'il sera refusé par qui de droit de faire sonner des glas ou des cérémonies funèbres avant que le prix de l'enterrement ou de la cérémonie ne soit versé conformément au tarif. La principale recette, le « plus beau fleuron de la fabrique » était constitué par les rentes. Ces rentes, au nombre de treize, assuraient dans le passé un revenu de sept cent trois francs quinze ; elles étaient fidèlement acquittées. « Cette ressource s'est éclipsée aux mains des marguilliers insoucieux. On payait tout d'abord de bonne grâce ; puis, comme on ne demandait pas, on a payé avec peine ; puis, le silence ou l'inertie des marguilliers aidant, on n'a plus voulu payer du tout, on s'est jeté dans des chicanes, et en dernier lieu dans la négation complète de la dette à l'exception de trois des moins importantes ». On a dit que la fabrique était sans titre pour réclamer et que la créance était périmée. En conséquence il fut décidé de rechercher les titres dans les greffes et chez les notaires et de poursuivre les débiteurs. En 1853, deux titres sont retrouvés ; ils sont garantis par appartenant à MM. Grilhaut Desfontaines et Le propriétés les Pelletier de Saint-Rémy. Ce dernier était propriétaire de l'habitation Moulin-à-Eau. Par acte passé par M. Pierre Borde, notaire résidant à Fort-Royal, Laurent Faugas créa une rente de six cent cinquante livres au capital de quinze mille livres, garantie par cette propriété. Quand les livres furent converties en francs, la rente fut réduite à trois cent soixante-un francs quarante par an. Elle passa avec l'habitation entre les mains du sieur Le Pelletier de Saint-Rémy. Ce dernier s'acquitta d'abord fidèlement de sa dette, mais il subit des pertes considérables à la suppression de l'esclavage et il cessa de payer. En 1853, il devait deux mille cinq cent vingt-sept francs soixante-dix à la fabrique. Il exposa au marguillier que le malheur des temps, que la terrible secousse de la révolution de 1848 avait fait éprouver aux fortunes coloniales l'avaient mis dans l'impossibilité de payer, et il fit appel « à l'indulgence et à la justice du conseil » pour statuer sur ce qu'il lui convenait de réclamer. Justin Duquesne, qui détenait une rente de quatre-vingt trois francs trente cinq et qui devait de ce chef la somme de cinq cent quatre-vingt trois francs quarante-cinq, fit une demande analogue. Le conseil leur accorda la faculté de se libérer en trois annuités. Ils n'acceptèrent pas cette solution. En 1855, les débiteurs adressèrent au conseil des réclamations portant que par suite de l'émancipation, leurs propriétés avaient diminué de valeur, qu'ils avaient moins de revenus ; en conséquence qu'une diminution leur fût accordée sur le chiffre des rentes arriérées comme sur celles qu'ils auraient à payer à l'avenir. Le conseil n'osa pas prendre une décision sur ce point de sa propre autorité ; il en référa à l'évêque. L'évêque, embarrassé, demanda au conseil ce qu'il pensait


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