Lettres du général Leclerc, commandant en chef de l'armée de Saint-Domingue en 1802

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— 193 — Un bataillon de la légion du Cap a perdu 300 hommes sur 600, après trois jours de marche. Mes troupes noires sont très faibles et les officiers réformés les agitent. Ma garnison du Cap est très faible et je ne puis l'augmenter, sans m'exposer à perdre la moitié des troupes que j'y placerai. Je suis obligé d'user de beaucoup de circonspection pour réussir. Sous trois jours je commencerai le désarmement au Dondon, à la Grande Rivière et à la Marmelade. Depuis huit jours, des rassemblements nocturnes ont eu lieu en plaine et même en ville. Je ne connais pas encore les chefs, mais je surveille. Le but des conspirations est le massacre des Européens. On doit commencer par les généraux. Je ne leur laisserai pas les moyens d'exécuter leurs desseins. Je presse l'organisation de la gendarmerie et le désarmement. Je ne serai tranquille que lorsque ces deux opérations seront terminées. La mortalité continue. Vous trouverez ci-joint le tableau de la perte d'une décade dans les hôpitaux du Cap. Depuis mes dernières dépêches j'ai perdu l'adjudant-commandant Andrieux, le chef de brigade Jaunies commandant la gendarmerie de l'Ouest, le chef de brigade Mangin de la 74me de ligne, le chef de brigade Lefevre de la 19me légère. Le général Tholosé et le chef de brigade du génie Maubert sont arrivés depuis 5 ou 6 jours. Ils sont sérieusement malades. La 7me de ligne est anéantie. Il ne faut jamais envoyer aux Antilles des corps qui sont restés dans le nord de la France. J'ai l'honneur de vous saluer. LECLERC.

P. S. du 24 Messidor. — Le général Tholosé et le chef de brigade Maubert sont morts hier. Il ne reste de tous les officiers de génie qui sont arrivés par le Pelage que le chef de bataillon Fournier. Envoyez-moi un autre commandant du génie et d'autres officiers.

LECLERC

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