La Martinique au premier siècle de la colonisation ,1635-1742

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galion vice-amiral d'Espagne, vaisseau de haut bord armé de cinquante-quatre grosses pièces. Il pénètre dans la cabine du commandant et terrorise l'équipage en menaçant de mettre le feu à la Sainte-Barbe. Jésus son demonios estos, gémissaient les Espagnols en demandant quartier. Ne croyez point, ajoute M. Ch. de La Roncière, à qui nous empruntons tout ce passage, que les flibustiers fussent une écume de la population de nos villes maritimes. Plus d'un était cadet de famille, tel ce jeune Monbars, surnommé L'Exterminateur, qui, avec une poignée de boucaniers montés sur deux barques, extermina une escadre espagnole de quatre navires. Tel, aussi, ce non moins aristocratique Grannont de La Motte, un Parisien, qui avait servi comme cadet au régiment des vaisseaux et qui eut un duel avec l'un de ses confrères. Ils constituaient une vraie force à l'époque, si bien que Louis XIV avait autorisé le gouverneur de Saint-Domingue à délivrer, sur place même, des lettres de commission. Rien de tout cela ne se passa à la Martinique. Les premiers Français arrivés dans l'île n'eurent qu'à lutter contre les indigènes, les Caraïbes, pour pouvoir s'y maintenir, et, une fois implantés dans le pays, ils s'appliquèrent au développement des terres nouvellement conquises. Ceux d'entre eux, de condition inférieure, qu'on appelait les engagés, recrutés également en France, louaient tout simplement leurs services pour trois ans. Leurs conditions rappelaient quelque peu celle des immigrants indiens, importés il n'y a pas bien longtemps encore, pour le travail de nos campagnes. Ceux-là tenaient du boucanier, en ce sens qu'ils se 6


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