Pièces justificatives du rapport sur les troubles de Saint-Domingue, fait au nom du Comité Colonial

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(199) assemblés, & avoient été trouver M. Lapis-Bergaudy pouf le prier de se mettre à leur tête, afin de dissoudre les comités Fort-Dauphin & d'Ouanaminthe ; que celui-ci s'y étoit refusé ; mais que malgré ce refus, ils étoient toujours décidés à la même opération, s'ils trouvoient un officier qui voulût fe mettre à leur tête ; que si moi, je voulois accepter ce poste , je pourrois être assuré d'avoir un parti considérable dans peu de temps; qu'ils étoient d'ailleurs persuadés qu'en cas de résistance de la part de ces bourgs, ils trouveroient un secours certain cirez l'Espagnol, qui avoit des troupes prêtes à agir, & qu'il n'attendoit que le moment de fe montrer. A fa proposition , je n'ai rien répondu : mais, voulant lavoir quel pouvoit être leur but, je l'ai questionné en conséquence. Il m'a repondu qu'ils vouloient d'abord que le décret du 15 mai fût accordé purement & Amplement par M. le général Blanchelande, & non pas par l'Assemblée générale, dont ils ne vouloient pas plus entendre parler que de comités Se Municipalités, dont ils vouloient la cassation ; qu'ensuite, ils vouloient que les choses rentrassent fous l'ancien régime, & que la noblesse fût remise dans es droits, parce qu'ils ne vouloient plus être dans cas d'être commandés par des malevas ( c'est son expression). Enfuite il m'a dit qu'ils avoient reçu des nouvelles de leurs frères des montagnes, & qu'ils avoient appris que leurs affaires étoient en bon chemin. Quant aux mulâtres de M. Charpentier, ils étoient très - bien, & recevoient fouvent des nouvelles & des fecours de leurs familles résidentes au bourg du Trou & autres lieux. Il m'a presqu'assuré que M. Charpentier lui-même devoit être au Cap dans l'instant. où il me parloit. Il m'a dit de plus, que l'Espagnol les avoit prévenus qu'aussitôt qu'ils entreroient dans la partie françaife pour les soutenir, il faudroit qu'ils arborassent la cocarde blanche & rouge , afinqu'on les distinguât, & qu'ils n'eussent rien à rifquer. J'ai cru de mon devoir de faire part à M. le chevalier d'Assas ces particularités, en me réfervant feulement le droit de ne nommer perfonne. Au camp du Rocou , le 13 octobre 1791. Signe, BRUCOURTL'ESTRIEUX.

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