Pièces justificatives du rapport sur les troubles de Saint-Domingue, fait au nom du Comité Colonial

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(98) dans votre loyauté, c'est avec un profond respect pour le représentant du Roi dans cette Colonie , que nous remettons sous ses yeux l'opposition des derniers actes de l'Assemblée générale séante au Cap, aux volontés de la nation, consignées dans les décrets déjà cites, & qu'au tableau douloureux de notre position depuis six femaines, nous ajoutons les affreuses conséquences de la guerre civile qui va s'allumer, & de la ruine totale de l'ouest, dont la proclamation du z6 septembre aura accéléré le terme. La paroisse de la Croix des-Bouquets , toujours animée du même patriotisme , s'eft déterminée , dans fa féance du 10, à envoyer à la commune du Port au-Prince une députation chargée de lui repréfenter l'importance de fes engagemens avec citoyens de couleur, & les fuites terribles qui réfulteroient de la violation du concordat. Notre députation étoit à peine due en cette ville, qu'elle a reconnu le danger de fa million. Témoins des désordres les plus affreux , nos députés nous rapporté des paroles de fang ; affligeant contraste des paroles de paix dont ils avoient été les porteurs. La paroisse s'eft particulièrement adressée à M. Desaulnois, pour le fupplier de fufpendre l'effet de la proclamation du 20 ieptembre , jufqu'a ce que nous ayons mis fous vos yeux , M. le général, les motifs de notre conduite & le tableau de nos calamitcs ; mais que peut-il au milieu d'une ville où les méchans dominent par la violence, & où la force publique est sans activité ! S'il en est encore temps, M. le général, venez au fecours des infortunés habitans du Cul-de-sac , pour lesquels votre proclamation du 26 feptembre fe trouve, par des circonftances qui vous étoient inconnues, un arrêt de proscription qui prononce la ruine entière d'une Colonie que vous êtes venu défendre & conferver à la France. S'il en eft encore temps, M. le général, retirez cette pièce , dont l'existence peut porter nos maux comble. Mais pouvons-nous efpérer que nous exifterons encore lorfque nos fupplications vous parviendront ? De quelle douleur ne ferez-vous pas saisi, M. le général, en apprenant que le Cul-de-fac en cendres eft un nouveau monument de notre inviolable fidélité aux lois constitutionnelles de la France»


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