â 216 â
Gallousy, avaient quittĂ© le rĂ©giment et avaient reçu asile chez un sieur Charles DouĂ«nel, propriĂ©taire dans la commune de Bouillante. Ce planteur les employait Ă faire des aissantes Ă moitiĂ© profit. Le jour du rĂšglement venu, DouĂ«nel, spĂ©culant sur la situation de ces ouvriers, voulut s'attribuer la part du lion. Contestation : menaces de la part de DouĂ«nel de livrer les dĂ©serteurs, et, de la part de ceux-ci de dĂ©noncer le refuge qu'ils avaient trouvĂ© chez lui. Les militaires retirĂ©s dans leur case, DouĂ«nel demande l'assistance de quelques voisins sous le prĂ©texte que des dĂ©serteurs sont venus sur sa propriĂ©tĂ© et veulent y mettre le feu. Ces voisins Ă©tant arrivĂ©s et quelques esclaves ayant Ă©tĂ© armĂ©s de coutelas, on se rend prĂšs des soldats qui prennent la fuite. Jacques parvient Ă s'Ă©chapper. Louis et Gallousy sont arrĂȘtĂ©s, celui-ci aprĂšs avoir Ă©tĂ© blessĂ©. LiĂ©s et garottĂ©s, ils sont mis aux fers dans le boucan. Cette arrestation accomplie, DouĂ«nel fait servir un repas et se met Ă table avec ses hĂŽtes. La gaĂźtĂ© prĂ©side au festin. Les convives partis et la nuit venue, DouĂ«nel appelle les esclaves AndrĂ©, Placide, Ililaire et Saint-Jean, ceux-lĂ mĂȘmes qui avaient aidĂ© Ă l'arrestation. Les fers sont retirĂ©s aux deux militaires. Ils sont conduits, les mains liĂ©es derriĂšre le dos, sur le rivage de la mer, Ă l'anse Gogaille. LĂ , aprĂšs leur avoir liĂ© les pieds, on les porte dans une pirogue. Le maĂźtre fait embarquer les esclaves, entre le dernier dans la nacelle et se place au gouvernail. Rendu devant la pointe de Malendure, DouĂ«nel se fait dĂ©barquer, remet le gouvernail Ă Placide, et, avec le sang-froid qu'il aurait pu montrer dans le commandement d'une chose simple et licite, il dit aux esclaves d'aller exĂ©cuter ses ordres. On pousse au large. Les captifs avaient fini par comprendre le sort qui les attendait. Se roulant aux pieds de leurs meurtriers, ils les supplient, avec des cris de dĂ©sespoir, d'Ă©pargner leur vie. L'un d'eux offre tout ce qu'il possĂšde, deux gourdes qui sont dans sa poche, pour qu'au moins on lui enlĂšve ses liens. Les quatre barbares, sourds aux accents dĂ©chirants des victimes, les prĂ©cipitent dans les flots ! La pirogue revenue Ă terre, les bourreaux disent : MaĂźtre,