DES CARAIBES.
531
de tout cela, & ne font point d'état de toutes ces connoissances. Ils ne se mettent aussi gueres en peine d'où nous venons, ils nous appellent Balanaelé, c'est-à-dire, hommes de mer,& ccroyoient effectivement que nous étions nez de la mer, & que nous n'avions point d'autres demeures que celles des navires. Ils penfent à cette heure que nous sommes d'un autre monde, & que nôtre Dieu n'est pas le leur qui a fait le Ciel & la terre, & non leur pays. Comme ils n'ont jamais crû qu'il y eût d'autres terres que la leur , la premiere fois qu'ils virent des navires, & entendirent du canon, ils croyoient que c'étoient des Diables, & que le navire & les hommes qui étoient vétus & bâtis autrement qu'eux, fortoient du fond de la mer,& venoient pour les enlever, & prendre leur terre, ils se sauvoient dans les bois. Ils ont reconnu depuis qu'ils se trompoient en un point & que l'autre est véritable : ils voudroient que nous n'eussions jamais mis le pied dans leur pays, & quelque mine qu'ils Z 2