Colonies étrangères et Haïti résultats de l'émancipation anglaise 2 Colonies danoises. Haïti...

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HAITI.

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que vous n'ayez même envoyé aucun témoignage d'adhésion ni de sympathie aux amis de l'affranchissement, et que, dans cette république d'esclaves émancipés, il n'y ait pas même une société d'abolition ? Est-ce égoïsme, est-ce indifférence? Et, songez-y, le crime de la barbarie haïtienne n'est pas mortel à votre république seule, on le pourrait appeler un crime universel. Haïti, le premier peuple africain en rapport direct avec l'Europe, prête des armes aux adversaires de la race nègre. Vous le savez bien pourtant, un de vous l'a écrit, « Haïti est chargée d'une mission humanitaire: sa prospérité effacerait l'esclavage de la terre, et elle dort paresseuse sous le soleil de ses ancêtres 1. » Un autre, M. Colombel, avait déjà exprimé la même pensée, il y a vingt ans, en ouvrant un collège où il vous pressait d'envoyer vos enfans. « Vous êtes l'espoir, vous disait-il , d'un tiers du monde connu, si vous laissiez éteindre le foyer de civilisation que la liberté a allumé dans votre île, la régénération africaine reculerait, et votre nom deviendrait l'opProbre des générations futures. » Et quoi, serait-il nécessaire de vous le rappeler, Haïtiens? Il est encore bien des hommes noirs et bien des hommes jaunes esclaves ; on regarde ce que fait Saint-Domingue affranchie, Pour savoir s'il n'est pas dangereux de les émanciper, et votre Participation au progrès serait le signal de leur délivrance, L'ignorez-vous donc : c'est toujours votre exemple que la mauvaise foi des partisans de l'esclavage nous oppose. Les Américains des états du sud, les planteurs espagnols et français, lorsqu'ils se veulent justifier de ne pas consentir à l'abolition, montrent du doigt votre grande île, en disant : « Vous voyez bien qu'émanciper nos quatre millions d'esclaves, ce serait créer » Ce beau centre où devait venir quatre millions de fainéans converger toutes les espérances de l'affranchissement des Antilles, ils le désignent comme un lieu maudit où la liberté devient paresse ! Cela ne vous épouvante-t-il pas plus que de laisser monM. Emile Nau. Journal l'Union.


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