DE LA TERRE FERME DE L'AMÉRIQUE.
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dont ils se servent, non-seulement pour les vider, mais aussi pour les élargir. Leurs canots sont beaucoup plus petits > ronds par le bas, et se renversent facilement ; mais les Sauvages, qui nagent tous comme des poissons , ne s'en mettent pas beaucoup en peine. Quand cet accident leur arrive, ils redressent leur canot en vidant l'eau , et se remettent dedans pour continuer leur course ; comme ils sont peu chargés de vêtements, ils n'ont pas le souci de les faire sécher. Leur façon de naviguer est tout autre que la nôtre ; ils ne se servent point de carte ni de boussole pour prendre les vents et tenir leur route, mais ils se gouvernent de nuit par les étoiles et le jour par le soleil. Leurs rames sont de la longueur de quatre à cinq pieds seulement; ils les tiennent toutes droites, poussant l'eau en arrière, d'une façon contraire à la nôtre. Ils s'accordent si bien en ramant qu'un aviron ne passe pas l'autre,
frappant pour
cet effet la pirogue avec la rame, comme pour battre la mesure et naviguer de concert. L'office du capitaine qui commande n'est pas de gouverner, mais de jeter l'eau qui entre dans la pirogue. Si quelqu'un s'épargne et demeure les bras croisés, tandis que les autres travaillent, personne n'en murmure et ne lui en fait de reproche.