Mémoires - Monseigneur Brumauld de Beauregard -Tome 2

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DÉPORTATION

sont quelquefois monstrueux, j'en ai vu de 70 à 100 livres. O n prenait quelques poissons semblables au mulet ou meuil des Sables en France. Ce dernier poisson sautait lui-même dans les canots, sur les rivières. O n pèche à la ligne et à la seine. Les nègres employaient, dans les canaux qui conduisent aux rivières, des plantes qui endormaient les poissons. Q u a n d nous voulions faire une pèche abondante, nous attendions le doucin, ou le temps des grandes marées pendant les pluies; et lorsque notre canal ou crique commençait à beaucoup diminuer d'eau, nous placions à son embouchure une claie à jour, très-claire, laquelle pouvait se développer et se fixer dans la vase par des pointes. Quand les poissons sentaient les eaux diminuer, ils descendaient à la rivière ; mais trouvant un obstacle, ils voulaient sauter, et tombaient dans notre canot, que nous avions placé en travers et en dehors; alors on en tuait à coups de sabre ce que nous pouvions manger, soit en soupe, soit en pimentade, soit avec un soupçon d'huile. U n de ces poissons avait cela d'extraordinaire qu'il se jetait sur nos mains pour les mordre, m ê m e hors de l'eau; on le n o m m e piaye. Presque tous les poissons sont sauteurs


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