Mémoires - Monseigneur Brumauld de Beauregard -Tome 2

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DÉPORTATION

tout, nous l'avons toujours éprouvé. Mais il est certain qu'avec plus d'intimité, nous eussions été dignes de l'envie de tous les déportés, m ê m e de ceux qui étaient dans les riches habitations, par la liberté, l'indépendance dont nous jouissions, et par la régularité de toute notre vie; c'était celle des anciens cénobites. Nous nous levions à cinq heures du matin, c'està-dire une heure avant le lever du soleil. U n coup de canon tiré au fort de Cayenne était notre signal. Les premiers moments étaient donnés à la prière, puis nous partions pour le travail avec nos nègres. L'un de nous restait à la case pour faire le ménage et tenir le déjeuner prêt. Les religieux ne sont pas aussi fidèles au signal de la cloche, que nous l'étions à venir prendre notre frugal repas. U n e banane grillée en faisait les frais , notre industrie y joignait quelques raves. O n partait encore pour le travail; mais rarement nous pouvions rester dehors à dix heures. Le bréviaire se récitait, et l'on s'occupait au dedans jusque vers les onze heures. A cette heure, surtout pendant l'été, presque tous les habitants éprouvent une lassitude causée par la chaleur : ils se mettent presque tous sur le hamac et prennent quelque


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