Mélanges de littérature volume 2

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V O Y A G E

se délasse avec elles, et ajoute à leur gaîté par des plaisanteries vives et aimables ; il se donne aux choses et à vous avec la plus grande simplicité ; mais s'il arrive de Paris une nouvelle, s'il apprend un événement intéressant, son â m e s'y attache à l'instant toute entière. C o m m e le soir de m o n arrivée, M . Audibert lui apprit qu'on venait de mettre à la Bastille l'abbé du B** et se saisir de ses papiers, il versa des larmes sur son malheur, et parla avec la plus vive indignation de cet acte de despotisme. C'est cette sensibilité si vraie qui m e le fait adorer ; c'est ce feu sacré qui éclaire et échauffe tout ce qu'il touche ; c'est cette imagination si vive, si facile à émouvoir, qui le transforme à l'instant dans la personne opprimée pour lui prêter l'appui de tout son génie, et crée peut-être son génie ; car je crois, avec Vauvenargues, que le génie vient de l'accord et de l'harmonie entre l'âme et l'esprit. Qui jamais a pris en main la cause des opprimés avec plus de chaleur et l'a poursuivie, à travers les obstacles, avec plus de constance ? E h ! qu'on ne dise point que c'était la gloire qu'il poursuivait en cherchant à les sauver : non ;c'en était


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