ET
ROUSSEAU.
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siasme pour les beautés, et à l'indulgence pour les défauts d'un ouvrage. Celui-ci a séduit ses juges, celui-là les a entraînés. L e premier a conquis des admirateurs, le second a gagné des amis. Tous deux ont écrit sur l'amour. En peignant ses délices et ses tourmens avec autant de chaleur que de v é r i t é , Rousseau a intéressé tous les cœurs sensibles ; Buffon les a blessés, en prononçant que le physique seul de l'amour était bon , et que le moral n'en valait rien. Une grande renommée donne une si grande autorité et inspire tant de respect, qu'il n'est pas superflu d'opposer des raisons , et même de chercher des excuses à une assertion qu'on se serait dispensé de combattre, si tout autre auteur l'eût hasardée. L'erreur de Buffon doit être attribuée au genre de ses études : ses méditations assidues sur les phénomènes de la n a t u r e , ne lui permettaient pas de réfléchir sur les résultats de la société. S'il les eût observés, il aurait reconnu qu'ils ont environné de tant de jouissances morales le penchant