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LA CONFESSION DE BAZOUTTE
font sur la terre en dégringolant des arbres : Paf ! paf !... Vers le soir le mouvement s’accé1ère. Ils tombent cinq, six à la fois : Pif ! pof ! paf !... On les écoute se frayer un passage entre les branches, dans le crissement des feuilles heurtées. Ce sont des retardataires qui se dépêchent de rejoindre leurs aînés fauchés par le soleil. La campagne s’imprègne alors lentement, à l’entour des grands manguiers, d’un arome discret, doux à respirer, et qui est l’essence de duvet, d’éclat, de jeunesse des fruits entassés.
Aujourd’hui c’est l’Ascension : une pluie torrentielle hier soir et ce matin un temps lourd et couvert. On aura de l’eau de bonne heure et ce sera mortellement triste toute la journée. Quand on ne voit pas ici le soleil, il semblerait que la nuit enveloppe nos coeurs, les étreint, les plonge dans une hypnose léthargique. On est si habitué à le voir flamboyer sur nos têtes ! Par ma fenêtre largement ouverte, et tout en écrivant ces lignes, je regarde les tiges élancées