La confession de Bazoutte

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LA CONFESSION DE BAZOUTTE

fringante, droite, impatiente de liberté et d’espace. Ils deviennent un peu las, courbent leurs têtes fléchissantes sous le poids des régimes, s’inclinent, sans résistance, comme de piteux courtisans, à tous les souffles. Mais à les voir ce matin, plantés en ligne, emperlés de rosée, bien en terre, ils font l’effet de jeunes pages... Je préfère m’arrêter. Il ne faut pas beaucoup d’images pour dire cette chose simple, que chacun peut ressentir en se promenant dans son jardin, à savoir que rien n’est plus élégant que le bananier qui grandit, le bananier de deux à trois mois environ. Cependant il n’y a sans doute là que le sentiment d’une pauvre et maladive esthétique. Car la plante en plein développement qui se multiplie de ses propres rejetons» qui nourrit abondamment les générations, qui les ombrage de ses larges feuilles, lesquelles à l’occasion font pour la table du miséreux ou du poète des nappes pittoresques et confortables» est le type de ce que l’homme peut souhaite1 de mieux dans le règne végétal : c’est l'utile dulci d’Horace... Sur ma tête, dans le vent matinal qui sèche


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