La R. M. Javouhey, fondatrice de la Congrégation de Saint-Joseph de Cluny. Tome II

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— 63 — H. Mère le constatait avec bonheur. « Mais, ajoutait-elle, la colonie est si gênée, en ce moment, que les parents ne peuvent faire aucun sacrifice et tout repose sur nous. Le gouvernement cependant se décide à nous acheter une belle maison vis-à-vis de l’église, dans une position charmante. Les classes externes de couleur sont bien séparées. Je pense que tout cela nous aidera à faire le bien, dans un pays qui en a le plus grand besoin. » Elle le vit de ses propres yeux, dans un trajet qu’elle voulut faire alors par terre, de Mana à Cayenne. C’était un voyage de quarante à cinquante lieues, bien long et bien difficile. Elle dut nécessairement le faire à pied, par des sentiers étroits et couverts de halliers ; traversant çà et là des cours d’eau, portée sur le dos de pauvres indiens établis dans ces quartiers ; ne trouvant d’autre abri, pour y passer la nuit et prendre quelque chétive nourriture, que leur méchante case ; ayant à souffrir, non seulement de la chaleur, mais des maringouins ou moustiques, et à se mettre en garde contre les attaques d’animaux dangereux. Pareille excursion, que des hommes mêmes, — nous parlons des Européens, — auraient hésité à entreprendre, à raison de sa longueur et de ses difficultés de toute sorte, la R. Mère Javouhey n’avait pas craint d’en affronter les difficultés, soutenue par l’énergie de son caractère et l’ardeur de son zèle. Malheureusement, elle n’a point imité l’illustre protectrice de son Ordre, dont on aime tant à lire le récit des fondations et des voyages ; car, uniquement préoccupée du côté spirituel et religieux de cette excursion, elle passa sous silence, dans les lettres où elle en parle, bien de ces petits traits ou épisodes, qui n’auraient cependant


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