( 140 ) l'Europe prévit que deux peuples rivaux depuis plufieurs fiecles, alloient teindre de fang les eaux de l'océan , & jouer encore ce jeu terrible où les profpérités publiques ne compenferont jamais les défaftres particuliers. Ceux en qui l'ambition n'avoit pas étouffé toute bienveillance pour leurs femblables, déploroient d'avance les calamités qui , dans les deux hémifpheres, étoient prêtes à tomber fur le genre-humain. C e p e n d a n t la fcene fanglante ne s'ouvroit pas ; & ce délai faifoit efpérer la continuation de la paix à quelques efprits crédules. O n ignoroit qu'une flotte partie de T o u l o n , étoit chargée de combattre les Anglois dans le nord de l'Amérique. O n ignoroit que des ordres expédiés de Londres , preferivoient de chaffer les François des Indes orientales. Sans être initié dans ces myfteres de perfidie, qu'une politique infidieufe eft parvenue à faire regarder comme de g r a n d s coups d'état, les hommes vraiment éclairés , jugeoient les hoftilités inévitables , prochaines