Les grands aventuriers à travers le monde : les robinsons de la Guyane. Partie 2

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L E S R O B I N S O N S DE LA GUYANE fois en Guyane par un Français, se trouvaient au fond de la battée

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de M. Lou-

vrier Saint-Mary. La Guyane française n'avait plus rien à envier à la Californie et à l'Australie

La découverte de l'or en Guyane passa presque inaperçue. L'ancien monde ne ressentit aucun de ces tressaillements qui l'agitèrent quand il apprit que les fleuves de la Californie et de l'Australie charriaient le précieux métal. La fièvre de l'or fut inconnue dans notre colonie, qui végéta comme par le passé. On laissa dormir les opulents gisements de la région équinoxiale. La métropole ne fit rien pour tirer parti de ces richesses dont la majorité du public en France ignora et ignore encore même aujourd'hui l'existence. Les premiers concessionnaires de terrains exploitèrent bien modestement leurs placers, trop heureux, quand la production atteignait un maximum de quelques kilos d'or par mois. L'apathie de tous fut telle, que cette production totale n'était que de 132 kilos pour l'année 1863. En 1872 elle monta à725 kilos, et enfin, grâce aux ressources de l'industrie privée, elle atteignait en 1880 le chiffre officiel de 1,800 kilos. Gomme l'or doit payer à la sortie de la colonie un droit de 8 p . 100, la contrebande est très active. Il convient, en conséquence d'augmenter d'un quart ce chiffre relevé au budget des recettes de la colonie soit 2,250 kilos d'or représentant la somme brute de six millions sept cents cinquante mille francs. (6,750,000 fr.) Un mot encore avant de reprendre notre récit. L'or recueilli en Guyane, est l'or alluvionnaire, provenant des lavages ; les filons, nombreux et très-riches ne sont pas encore exploités en 1881 ! En l'an 186., époque où se passe le drame au prologue duquel nous venons d'assister, l'exploitation était limitée aux rivières d'Approuague de Sinnamarie et de Mana. Le bassin du Maroni n'avait pas encore été exploré ; on racontai tout naturellement des choses merveilleuses relativement à sa fécondité. L'ElDorado semblait s'être déplacé. De vagues rumeurs circulaient dans le public un évènement imprévu vint bientôt leur donner plus de consistance. Vingt-deux ans auparavant, le docteur V..., résidant au bourg de Mana, rencontra au bord de la rivière un Indien tenant entre ses bras un enfant moribond. Il s'approcha et demanda à l'Indien où il allait. — Je vais, répondit-il, jeter à l'eau cet enfant qui m'embarrasse!... On nomme « battée » le plat de bois, servant à laver les terres aurifères. Il a environ quarante centimètres de diamètre, sa forme rappelle assez bien celle d'un abat-jour très évasé, et dont le sommet n'aurait pas d'ouverture.


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