Au pays de l'or

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AU PAYS DE L'OR

Cela fut fait sans encombre. La conversation revient à la grande préoccupation de chacun : l'or. Jean résume tout en trois mots : — Nous sommes riches ! Oui, on a peiné, on a lutté, mais, en revanche, on a eu quelques satisfactions. On a travaillé aux dépens de son bien-être et de ses forces... On était exténué et on ne se reposait pas... Le farniente était inconnu..., l'attirance mystérieuse, invisible de l'or, s'exerçait... Manquant de tout, d'outils et de vêtements, avec la pluie sur le dos et les pieds nus dans la terre, on a fouillé l'eau glacée des criques, et, soudain, on a vu surgir la forme bien-aimée de la fortune... Avec les deux nègres de Ste-Lucie, très fatigués eux-mêmes, on a taillé à la hâte des planches dans des cèdres-.. Gomme on n'avait pas de clous, on les a assujetties avec des lianes... On a ainsi, à grand prix d'efforts, établi un longtone dont on a bouclé tous les interstices avec de la glaise... On a lavé la terre recueillie à soixante centimètres de profondeur, puis à un mètre cinquante... En moins de quatre semaines, la réussite était complète !... — One nous fallait-il de plus ?..., demande Laveau. Ce que nous apportons, c'est la preuve claire, évidente, absolue que le sol merveilleux de la Guyane renferme pour notre pays des trésors innombrables. Chacun, en imagination, réalise le rêve de JeanJacques : la petite maison aux contrevents verts, sise au flanc du coteau, entourée par des arbres fruitiers, aux branches desquels les amis pourront prendre leur part. — Ce ne sont plus, affirme Jean, châteaux en Espagne ! — C'est une maison de campagne au pays natal, dit Bournac.


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