Ange Pitou Agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846)

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PITOU

nellement 2,000 fr. avec sa pension et sa lettre de secours et remettait à ses c o m m a n d i t a i r e s 3,ooo francs de billets à lui souscrits et qu'il avait en portefeuille . L ' a n n é e suivante, les événements prirent u n e a u t r e t o u r n u r e ; le 26 février 1 8 1 9 , le vicomte de La Boulaye a n n o n ç a i t i n c i d e m m e n t à Ange P i t o u que sa pension de i , 5 o o francs et son bon de secours de 600 fr. seraient fondus, à partir de 1820, en u n brevet de p e n s i o n de i , 5 o o francs : c'était la négation a b s o l u e , l'annulation indirecte de la transaction de 1 8 1 7 , et c o m m e Ange P i t o u , à peine revenu de son é t o n n e m e n t , s'apprêtait à protester, le secrétaire de la Maison du Roi s'esquivait, lui faussant c o m p a g n i e . O n pense bien que notre h o m m e ne laissa pas aller les choses sans réclamation ; il multiplia lettres, requêtes, pétitions, fit intervenir le d u c d'Avaray, ses bailleurs de fonds, r e m u a ciel et terre. Le comte de Pradel se cantonnait toujours dans le m ê m e système : « D o n n e z - n o u s des preuves matérielles, des reçus, des correspondances » ; et p o u r varier, il reprenait le refrain a c c o u t u m é : « Les fonds sont insuffisants! » T o u t e f o i s , les réclamations d'Ange P i t o u , appuyées par le d u c d'Avaray, eurent partiellement raison de la mauvaise volonté du ministère, qui d u t consentir à t e r m i n e r l'affaire avec u n h o m m e de confiance désigné par le réclamant : celui-ci fit choix de son bailleur de fonds B o u r g e o i s . O n traîna alors l'affaire en l o n g u e u r , B o u r g e o i s fut renvoyé de b u r e a u x en b u r e a u x , et, p o u r finir, on essaya d'enlever par surprise ce q u ' o n ne pouvait obtenir par persuasion : on adressa d o n c à P i t o u u n brevet de p e n s i o n de i , 5 o o francs; si, pressé par la nécessité, celui-ci l'avait accepté, la novation du titre eût été opérée de fait et le gage de la transaction évanoui. Mais cette m a n œ u v r e p u t être déjouée, et la honte en alla à l'administration q u i , p o u r arriver à ses fins, ne craignait pas de recourir à de tels m o y e n s *. 1

Les choses en étaient là quand u n hasard inespéré vint a p p o r ter à A n g e P i t o u le témoignage que le ministère lui d e m a n d a i t à l'appui de ses r é c l a m a t i o n s . D e p u i s sa c o n d a m n a t i o n de i8o3 p o u r participation à l'émission du milliard de faux billets de la B a n q u e de F r a n c e , Pierre Molette avait c o m p l è t e m e n t perdu de vue son ancien camarade

1. Toute la Vérité au Roi. t. I. p. 13. 2. Pièces remarquables. Examen du dossier de Louis Ange Pitou. — Toute la vérité au Roi. t. I. pp. 4 6 à 5 2 , 1 1 4 a 141 ; — t. II. pp. 2 6 8 à 2 7 2 . — Incrédulité intéressée, pp. 23 à 2 9 .


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