Annales de la propagation de la foi. Tome vingt-unième

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régent nous avertit qu'il fallait se rendre au tribunal. On alla donc aussitôt chercher des portefaix, ce q u i demanda fort peu de temps : u n lama de la police n'eut qu'à se présenter dans la rue et sommer, au nom de la l o i , les passants, h o m m e s , femmes ou enfants, d'entrer immédiatement dans la maison pour prendre part à un labeur gouvernemental. A Lhassa le système des corvées est dans u n état prospère et florissant ; les Thibétains s'y prêtent gaîment et de la meilleure grâce du monde. « Lorsque la gent corvéable fut arrivée en nombre suffisant, on lui distribua toutes nos possessions ; on fit dans nos appartements un vide complet, et on se mit ensuite pompeusement en route pour le tribunal. Un cavalier thibétain, la lance au poing et un fusil en bandoulière, ouvrait la m a r c h e ; venait ensuite la troupe des portefaix, s'avançant entre deux lignes de lamas-satellites; le régent, monté sur son cheval blanc et entouré de quelques cavaliers d'honneur, suivait nos bagages; enfin, derrière le régent marchaient les deux pauvres Missionnaires français, auxquels u n e grande multitude de curieux formait u n cortége peu agréable. Notre allure n'était pas fière ; conduits comme des malfaiteurs ou du moins comme des gens suspects, nous n'avions qu'à baisser les yeux et qu'à traverser modestement la foule nombreuse qui se précipitait sur notre passage. Une pareille position était sans doute bien pénible et bien humiliante; mais la pensée de notre divin Sauv e u r , traîné au prétoire à travers les rues de Jérusalem , était bien capable d'adoucir l'amertume dont nous étions abreuvés. Nous le priâmes de sanctifier nos humiliations par les siennes, et de les accepter en souvenir de sa douloureuse Passion. « Quand nous arrivâmes au tribunal, l'ambassadeur


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