Annales de la propagation de la foi. Tome dix-huitième

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302 dépendrait d'eux pour le recevoir ; que Pien-Men serait moins dangereux que Houng-tckoun pour son introduction , par la raison qu'en entrant par le nord , outre la difficulté de passer la frontière , il lui faudrait encore traverser tout le royaume. « Notre entretien étant fini , nous nous prîmes les mains en signe d'adieu. E u x sanglottaient, de grosses larmes coulaient sur leurs joues ; pour nous , nous regagnâmes la ville, et nous disparûmes dans la foule. « Le marché de K i e n - W e n nous offrit un spectacle curieux. Les vendeurs n'ont pas le droit d'étaler leurs marchandises dès qu'ils sont arrivés ; il faut qu'ils attendent le signal. Aussitôt que le soleil est parvenu au milieu de sa course, on hisse u n pavillon , on bat du tamtam : à l'instant la foule i m m e n s e , compacte, se rue sur la place publique ; Coréens , Chinois , Tartares , tout est mêlé ; chacun parle sa langue ; on crie à fendre la tête pour se faire entendre ; et tel est le mugissement de ceflotpopulaire , que les échos des montagnes voisines répètent ces clameurs discordantes. « Quatre ou cinq heures , c'est tout ce qu'on accorde de temps pour vendre et acheter ; aussi le mouvement qu'on se donne , les rixes qui ont lieu , les coups de poing qui trottent, les rapines qui se font presqu'à main armée , impriment à Kien-Wen l'image, non d'une foire, mais d'une ville prise d'assaut et livrée au pillage. Le soir venu , le signal d u retour pour les étrangers est donné ; on se retire dans le m ê m e désordre , les soldat poussant les traînards avec la pointe de leurs lances. Nous eûmes bien de la peine à nous tirer de cette cohue. Nous regagnions Houng-tchoun , lorsque nous vîmes de nouveau venir à nous les courriers coréens ; ils ne pouvaient se


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