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L'UNIVERS.
porter encore à 2,000 esclaves le nom bre de noirs qui sont employés à l'ex traction des pierres fines et des dia mants. L'administration intérieure est assez compliquée : outre l'intendant général, il y a l'ouvidor, ou fiscal, qui vient immédiatement. Les officiers de l'administrationdiamantine(officiaes da contadoria), les deux trésoriers (caixas), les teneurs de livres (guarda livros ) et sept commis composent le reste de la hiérarchie bureaucratique. Les af faires de haute important sont sou mises à un conseil qui prenait, naguère encore, le titre de junte royale des diamants, et qui était présidé par l'in tendant (*). Les administrateurs envoient tous les diamants qui ont été trouvés dans les divers services, à Tijuco. Il y a trois clefs au t r é s o r ; l'une reste en tre les mains de l'intendant, les deux autres sont remises à des employés supérieurs. U n ordre extrême préside au pèsement des pierres , à la manière dont on les inscrit sur les registres of ficiels, en indiquant les services d'où elles proviennent. Chaque mois, les ad ministrateurs particuliers font leur envoi au trésor général. On n'expédie annuellement pour Rio de Janeiro que les diamants qui ont été réunis dans le courant de l'année précédente. « Voici, dit M. de Saint-Hilaire, ce qui se passe à cet égard. On a douze tamis percés de trous dont la grandeur va en dimi nuant depuis le premier jusqu'au der nier, et l'on passe successivement tous les diamants à travers ces tamis. Les plus gros diamants restent sur le tamis percé des trous les plus larges, et ainsi de suite jusqu'aux plus petits, qui res tent sur le tamis le plus fin. De cette manière on a douze lots de diamants, que l'on enveloppe de papier, et que l'on met ensuite dans des sacs. On dé pose ces sacs dans une caisse, sur la quelle l'intendant, le fiscal et le pre mier trésorier mettent leur cachet. La caisse part accompagnée d'un employé choisi par l'intendant, de deux soldats (*) Second voyage au Brésil, T.I, p. 24.
du régiment de cavalerie de la pro vince, et de quatre hommes à pied (pédestres). Arrivée à Villa Rica, elle est présentée au général, q u i , sans l'ouvrir, y appose également son ca chet; e t , lorsque cette formalité est remplie, le convoi se remet en marche pour la capitale (*).» U n e de nos gravu res indique quel est l'aspect de la ca ravane lorsqu'elle se dirige sur Rio. Selon M. F r e y r e s s , qui a fait un long séjour dans l'intérieur, le revenu annuel des terres diamantines monte aujourd'hui à cent vingt-cinq onces. D'après un autre voyageur, de 1807 à 1817, le district des Diamants four n i t , année moyenne, dix-huit mille carats , en admettant toutefois , com me le fait remarquer M. Auguste de Saint-Hilaire, que le carat, portugais est de cinq pour cent moins fort que le carat français. D'après d'autres do c u m e n t s , il faudrait estimer le revenu général de ces mines de vingt-cinq à trente mille carats. Aujourd'hui l'esti mation de M. de Saint-Hilaire nous paraît la plus probable. Dans cette hy pothèse, ce serait de l'époque de la dé couverte qu'il faudrait baser son ap préciation ; et sans doute que, dans ce calcul, le produit des années antérieu res devrait compenser la faiblesse du revenu des temps qui vinrent ensuite. L E D I A M A N T D E L ' A B A Ë T É . Le plus gros diamant de l'univers, celui que R o m e de l'isle estimait à la somme prodigieuse de sept milliards cinq cents millions, a été obtenu des mines du Brésil; mais ce ne fut pas l'adminis tration qui le trouva, et des circons tances assez curieuses se rattachent à l'histoire de sa découverte. Trois Brésiliens avaient été con d a m n é s , on ignore pour quel délit, à un exil perpétuel dans la portion la plus reculée du Sertào de Minas. An tonio de Souza, Jozé-Félix Gomez et Thomas de Souza, car la tradition nous a conservé leurs n o m s , errèrent longtemps dans l'intérieur, sur les confins de Goyaz, cherchant sans cesse, au fond des vallées ou dans le lit des (*) Second voyage au Brésil, t. I , p.