—
343
—
de chèvre à leur état brut, pour être travaillés dans les filatures étrangères, et ils fabriquent ainsi des châles d'une qualité supérieure à ceux d'Angora. En déplaçant son in dustrie, on a enlevé d'un seul coup à tout ce peuple son unique ressource ; dès lors, il est tombé dans une misère qui va toujours croissant; nos catholiques en souffrent plus que personne. D'un autre côté, les Turcs se maintien nent ea possession du privilège, refusé aux chrétiens, de nourrir des troupeaux, d'être propriétaires ou cultiva teurs; les impôts du gouvernement accroissent avec la détresse des contribuables ; ils sont aujourd'hui triples de ce qu'ils étaient à l'époque la plus florissante du com merce. « D'Angora au tombeau de saint Jean-Chrysostôme il y a neuf bonnes journées à cheval, à travers un pays dont la population , toute musulmane, se partage en trois branches différentes , les Turcs, les Turcomans et les Kurdes. Les premiers résident dans les villages et ense mencent le peu de terre cultivable qui entoure leurs habi tations; les Turcomans, pour la plupart, ne connaissent pas d'autres demeures que leurs tentes dressées le long des vallons, ou sur le bord des rivières ; les uns paissent de nombreux troupeaux, les autres font des tapis appelés tapis de Turquie;
les beys ou chefs particuliers aux
quels ils obéissent sont choisis dans leur nation. Les K u r des habitent les montagnes; tour à tour pâtres et v o leurs de profession, ils sont l'effroi du voyageur
qui
peut, à cause de leur vie errante, les rencontrer partout et au moment où il s'y attend le moins. L'arme dont ils se servent est une lance d'une longueur démesurée et ferrée par les deux bouts, avec laquelle ils attaquent, sans hési ter, les passants qui n'ont que le sabre et des pistolets pour armes défensives; le fusil seul les fait reculer, parce qu'il atteint de loin. Aussi, dans ces contrées, la plupart des voya-