Lettres édifiantes et curieuses écrites des missions étrangères. Tome sixième

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LETTRES

ÉDIFIANTES

susciter, c'est-à-dire, si quelqu'un de leurs guerriers a été tué, et qu'ils jugent devoir le remplacer dans sa cabane, ils donnent à cette cabane u n de leurs prisonniers, qui tient la place du défunt, et c'est ce qu'ils appellent ressusciter le mort. Q u a n d le prisonnier est c o n d a m n é à la m o r t , ils plantent aussitôt en terre u n gros p i e u , auquel ils l'attachent par les d e u x mains ; on lui fait chanter la chanson de m o r t ; et tous les Sauvages s'étant assis autour d u poteau, on allume à quelques pas de là u n grand feu, o ù ils font rougir des haches, des canons de fusils et d'autres ferremens. Ensuite ils viennent les uns après les autres, et les lui appliquent tout rouges sur les diverses parties d u corps ; il y en a qui les brûlent avec des tisons ardens ; quelques-uns leur déchiquètent le corps avec leurs couteaux ; d'autres leur coupent u n m o r c e a u de chair déjà rôtie, et la m a n g e n t en sa présence ; on en voit qui remplissent ses plaies de p o u d r e , et lui en frottent tout le corps, après quoi ils y mettent le feu. E n f i n , chacun le tourmente selon son caprice, et cela, pendant quatre ou cinq heures, quelquefois m ê m e pendant deux o u trois jours. Plus les cris que la violence de ces tourmens lui fait jeter, sont aigus et perçans, plus le spectacle est agréable et divertissant pour ces barbares. C e sont les Iroquois qui ont inventé cet affreux genre de m o r t , et ce n'est que par droit de représailles que les Illinois, à leur tour, traitent


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