Visions de bagne

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VISIONS

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fine, et qui a quelque vague ressemblance avec Lison, — la belle Lison qui lui avait fait perdre la tête et trahir — met une note de parisianisme dans ce décor d'outre-mer. Le bureau, dont les planches sup­ portent toute une bibliothèque, est surmonté de por­ traits de famille. A u fond de la chambre, le lit cédé par l'admi­ nistration avec l'indispensable moustiquaire. Sur une planche posée contre le mur s'érige toute une théorie de bottines blanches et fauves. Puis, — voilà qui témoigne des soins que le condamné prend de son estomac, — un garde-manger offre une appé­ tissante provision d'oeufs frais, de beurre, de con­ serves et de charcuterie. Ullmo reçoit chaque jour sa ration alimentaire, analogue à celle d'un surveillant; une chaloupe la lui apporte de l'île Royale, avec les vivres des gar­ diens. Cette ration se compose de 750 grammes de pain, 2 5 0 grammes de bœuf, endaubage ou lard salé, de 5 0 centilitres de vin rouge, d'un peu de sel et de café. Parfois, elle se complète de quelques légumes secs, haricots ou lentilles. Mais, plus heureux que ses surveillants, le traître a la faculté, grâce à l'argent qu'il reçoit des siens, chaque mois, d'agrémenter son menu de supplé­ ments de choix. Aussi bien l'administration a mis à sa disposition un condamné qui lui sert de cuisinier et de domestique, et qui, celui-là encore, m'a tout l'air de purger, à la douce, sa peine de « travaux forcés ».


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