Etat de Sao Paulo

Page 24

2

ÉTAT DE SAO PAULO

place sous une banquette ou dans un filet, ces derniers sont de dimension et contenance extrêmement restreintes. On paye 3.300 reis par 10 kilogrammes de bagages supplémentaires sans défalcation aucune : ce qui n'est pas linge, paie un milreis en plus. C'est absolument exorbitant ; heureusement qu'une certaine commission étudie actuellement l'abaissement des tarifs (1). Bien qu'en nombre d'endroits le paysage soit magnifique, le trajet de Rio à Sâo Paulo n'est pas précisément un voyage de plaisir, celui-ci s'opère en douze heures et, les voies étant dépourvues de ballast, la chaleur, et surtout la poussière rendent presque pénible un trajet qui pourrait être agréable. Les trains ne comportent que des premières et des deuxièmes classes, ces dernières sont destinées au menu peuple, à la population pauvre des campagnes, nègres, paysans et journaliers; cette classe manque du plus élémentaire confort. Les premières sont loin de posséder les commodités de leurs similaires européennes, mais elles sont agencées conformément aux exigences du climat. Ce sont d'énormes wagons pouvant contenir cinquante places ; les banquettes ou fauteuils pour une ou deux personnes sont à dossiers mobiles et placées les unes derrière les autres, dans le sens de la longueur du wagon en laissant un passage au milieu. Ces sièges ne portent pas de coussins, mais sont recouverts de joncs tressés, ce qui permet un entretien plus facile; toute étoffe serait souillée par la poussière à la suite d'un seul voyage; cette poussière rouge ou jaune presque impalpable, s'insinue partout, malgré les plus grandes précautions. Même lorsqu'on se résigne à étouffer, en laissant fermées persiennes et fenêtres, on se trouve converti, à l'arrivée, en véritable peau-rouge. La partie la plus pittoresque du voyage commence à la station de Belem; à partir de ce moment on franchit la Serra do Mar, avec ses points de vue variés, ses précipices, ses cascades, ses vallées aux capricieuses ondulations couvertes de belles forêts. Puis le train franchit successivement dix-huit tunnels et, après Barra do Pirahy et Queluz, la nature se dépouille de sa végétation, les hautes montagnes disparaissent au loin pour faire place à une série de mamelons au milieu desquels serpente le fleuve Parahyba. (1) Ces tarifs viennent en effet d'être quelque peu atténués.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.