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avec les sucres coloniaux et indigènes, aussitôt que les prix de ces derniers seront remontés au taux auquel les sucres étran gers peuvent être vendus. D'où il suit indispensableraent que le m a x i m u m de prix que peuvent d e m a n d e r les colons ou les fabricans n'est point déterminé par les besoins de la c o n s o m m a tion, mais par le prix auquel on peut livrer les sucres étrangers. Si donc les sucres coloniaux et indigènes se trouvent en petites quantités sur le marché à certaines époques, ils ne
peuvent
profiter de cet avantage pour obtenir des prix meilleurs ; et quand bien m ê m e pas u n kilog de sucre étranger ne leur ferait une concurrence réelle, la seule possibilité de cette concurrence arrête le prix au chiffre auquel le sucre étranger peut être livré. Voilà ce que nous appelons l'influence morale.
Et qu'on ne dise pas que cette influence est chimérique ! car de morale qu'elle est, elle devient physique aussitôt que les prix se relèvent, aussitôt que quelques barriques de sucres étrangers sont achetés, ce qui ne m a n q u e pas d'arriver toutes les fois que les prix remontent. M . Pommier, dans son rapport au conseil général d'agriculture, citait à l'appui de notre opinion l'exem ple suivant, qui prouve à l'évidence qu'il n'en peut être autre m e n t que nous venons de le dire : le 25
décembre
1 841,
le
sucre de Porto-Ricco était côté, au Havre, à 24 fr. les 50 kilog.; en y ajoutant
35 fr. 75
c. de droit, il resterait à
59-75
ac
quitté; et la bonne 4.
e
de la Guadeloupe et de la Martinique
se cédait, sur la m ê m e
place à 58 fr. une hausse de 2 fr. sur
le sucre colonial était donc matériellement impossible (1). 11 y a plus
Nous avons comparé tout-à-l'heure la c o n s o m -
(4) Rapport d e M . P o m m i e r au conseil-général d'agriculture, 1 8 4 2 , P. 7.