Géographie complète et universelle. Tome 5

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LIVRE CENT VINGT-UNIÈME.

aisé de remporter sur eux des victoires, que parce qu'ils n'avaient aucune connaissance des armes à feu, et parce qu'on savait semer parmi eux la discorde1. « La conquête de la province de Saint-Vincent, dans le Brésil, disent les « auteurs portugais, nous la devons au seul fameux Tebireza ; celle de « Baja, au vaillant Tœbira 2; celle de Fernambouc, au courageux Stagiba, « dont le nom en langue indienne signifie bras de fer. La conquête de Para « et de Maranhao est due au fameux Tomagia, et à d'autres qui servaient « dans l'armée des Portugais contre les Hollandais, et aussi à l'invincible « Camarao, qui s'est immortalisé à la reprise de Fernambouc, dans la « guerre contre les Hollandais. » Les Indiens du Brésil estiment principalement la force du corps et la férocité : au moment même d'être égorgés, et dévorés par leurs ennemis, ils les insultent et leur expriment leur mépris; ils cherchent à prouver par ces bravades qu'on peut bien leur ôter la vie, mais non pas le courage. Le voyageur Léry et ses compagnons, tous nés sous la zone tempérée, n'étaient pas même capables de tendre un arc des Indiens de Tomoy, habitants de la zone torride, dans les environs de Rio-Janeiro. Léry convient même qu'il était obligé d'employer toutes ses forces pour tendre un arc destiné à un enfant de dix ans. La nation des Ouctacazes, autrefois l'ennemie implacable des Portugais et de tous les autres peuples de l'Europe et du Brésil, conserve encore à présent son indépendance entière, quoique dans un état d'amitié parfaite avec ses voisins, les habitants du district de Campos-dos-Ouctacazes dans la province de Minas-Geraës. La douceur et la générosité ont soumis ces cœurs qui bravaient la mort. La langue la plus généralement répandue dans le Brésil est celle des Guaranis-, parlée dans divers dialectes par les Tupis, les Tapuyes, les Omaguas et les Topinambous, elle est même habituellement désignée sous le nom de langue brésilienne. Les racines de cette langue ne nous ont offert aucune analogie avec les langues de l'Asie : elle paraît présenter deux ou trois rapports isolés avec des idiomes de l'Afrique et de la mer du Sud; mais on peut assurer qu'elle est, dans son ensemble, la langue américaine la plus éloignée d'une affinité radicale avec aucune autre, même avec celles de l'Amérique 3. Elle forme, moyennant un grand nombre d'affixes, des 1

J. Stadius, Hist. Brasil., part. I, c. XIX et xlii. Léry, Hist. navig. in Brasil., c. XIII. Vasconcellos : Histoire du Brésil, 1. m, p. 101 à 357. 3 Voici les mots brésiliens qui nous ont présenté des analogies avec les idiomes 2

africains :


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