EUROPE. — TURQUIE. PRINCIPAUTÉS.
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Schabacz et Hassan-Palanka, avec des eaux acidules, sont des forteresses moins importantes que celle d'Orsova, dans une île du Danube, vers l'extrémité nord-est de la Servie. Au-dessus d'Orsova, le Danube, resserré entre des rochers, roule ses eaux en tourbillons écumeux à travers le défilé de Demir-Kapou ; au-dessous, les restes de piliers debout dans la rivière marquent, près de Gladova, l'emplacement du fameux pont de Trojan. Sur le mont Avala, à trois lieues au sud de Belgarde, on trouve les ruines d'une ville gothique. En montant sur la terrasse de la moyenne Servie, Krouchovatz, que les Turcs nomment Aladja-Hissar, avec un château où plusieurs souverains de la Servie ont résidé, marque la position la plus centrale du pays, et, sur le même alignement, nous voyonsà l'ouest Oujitza, ou Ousidje, ville commerçante de 6,000 habitants, dont les vergers immenses produisent les meilleurs cerisiers, et dont le site, au dire du géographe turc HadjiKhalfa, ressemble infiniment à celui de la Mekke; à l'est, la forteresse de Nissa, patrie de Constantin le Grand, qui l'avait embellie et enrichie, mais qui, dans ses cabanes d'argile extrêmement basses et couvertes de bardeaux, ne présente aucune trace de grandeur. C'est la construction générale en Servie. Les villes situées sur le cours supérieur de la Morava orientale et de ses affluents sont presque
inconnues, Orkoup, ou Précop,
l'ancienne Precopia, fait quelque commerce. Krattovo, où plusieurs princes serviens ont leurs tombeaux, n'est qu'un bourg situé sur la rive droite de la Toplitza. Nova-Breda, non loin de mines importantes, est dans une contrée où les voyageurs ne pénètrent guère. Pristina possède quelques titres pour se dire patrie de l'empereur Justinien. Elle renferme environ 10,000 habitants. On voit, à quelque distance de cette ville, la fameuses plaine des Merles, nommée Cossovo-Polie en slavon, Bigomèzo en hongrois, et où, en 1389, le sultan Amurat Ier, après une bataille sanglante contre l'armée unie des Serviens, des Bosniaques et des Bulgares, fut tué par Milosch-Obilitch. Ses troupes victorieuses y élevèrent un monument funéraire sur la cendre de ce grand guerrier, où brûlaient jadis des lampes perpétuellement entretenues sous une garde de derviches. Un demisiècle après, en 1448, Amurat II y défit totalement une armée de Hongrois, et ce n'est peut-être pas la dernière fois que ces plaines ensanglantées verront décider le sort des empires. La population actuelle des Slaves-Illyriens, ou, si l'on aime mieux un terme géographique, des Slaves-Sud-Danubiens; population qui, sur le territoire autrichien, hongrois et ottoman, forme une masse imposante de près de 4 millions d'hommes robustes, prolifiques, braves, intelligents, VI. 38