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LIVRE CINQUANTE-CINQUIÈME.
de Babylone aux portes Caspiennes on y passait nécessairement. Ils appliquent encore assez généralement, mais avec des doutes très-forts, la dénomination de Champ Nyséen à cet Hippobotos de Médie. En se tenant à ces données, les chevaux nyséens auraient été une race très-répandue, puisqu'on comptait dans l'Hippobotos 150,000 chevaux, ou, selon d'autres, 50,000 cavales. Mais quand on voit Xercès faire mener en pompe, devant son char de triomphe, dix chevaux nyséens consacrés et magnifiquement ornés ; quand on voit ce même monarque traîné par des chevaux nyséens, tandis qu'on ne donne point à ses gardes ni à son cortége cette monture précieuse, on est tenté de croire, avec la savant Mannert, qu'il faut distinguer, malgré les anciens, entre le grand Hippobotos destiné à la remonte de toute la cavalerie, et le haras particulier du roi à Nysa. Mais quelle était cette Nysa parmi toutes celles que nomme l'antiquité? Les anciens mettent les haras royaux de Perse dans la Médie-, ce nom pris dans le sens trèsétendu que lui donne Hérodote, peut embrasser l'Hyrcanie et la Parthiène On peut donc croire que Nesa sur le Tedjen, qui correspond à Nysœa sur l'Ochus, était la patrie de ces chevaux tant recherchés par les monarques persans. La guerre a devasté depuis un demi-siècle les nombreuses villes du Khorassan ; elles se rétablissent lentement. Cette province est souvent exposée aux incursions des nations barbares qui l'avoisinent : en 1826, une armée de Tatars-Ouzbeks, commandée par le khan de Khiva, y commit de grands excès : aussi est-elle dans une situation peu prospère, et n'enrichit elle pas beaucoup le trésor de la Perse, bien qu'on porte à 1,000,000 d'individus sa population sédentaire, et à 4 ou 500,000 celle de toutes les tribus nomades. Mechehet ou Mesched a le titre de capitale du Khorassan depuis l'époque où Ismaël-Schah, premier sophi ou sephi de Perse, l'éleva à ce rang vers le commencement du quinzième siècle. Après avoir eu près de 100,000 habitants, elle en a à peine la moitié aujourd'hui. Ses maisons sont mal bâties, mais on y remarque plusieurs belles mosquées, entre autres une dans laquelle Schah-Abbas a fait ériger un tombeau à un saint mahométan appelé Ali-ben-Moussa, que viennent visiter une foule de dévots et de pèlerins, parce qu'il est considéré comme le patron du royaume. Cette mosquée forme un groupe de constructions qui passe pour le plus magnifique monument de la Perse. Mesched jouit d'un autre genre de célébrité : c'est dans ses murs que naquirent le poète Firdoucy, le philosophe Gassali, l'astronome Massireddin et le géographe Hamdullah-Moustewfi. Dans les environs de Mesched on remarque les ruines de Thous, qui fut jadis une des plus im-