Géographie complète et universelle. Tome 2

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LIVRE CINQUANTE-CINQUIEME.

tants, occupés par des cheiks arabes. Le premier et le plus méridional est Abou-Chehr (ville du père) ou Bouchir, qui est appelé Boucher par les Français, et Buscheer par les Anglais. Les vaisseaux qui ne prennent que quatre mètres d'eau peuvent arriver par le flux tout auprès des maisons. C'est le port de commerce le plus important après Bassorah sur le golfe Persique ; siège d'une factorerie de la compagnie anglaise des Indes orientales, Abou-Chehr est le principal entrepôt du commerce de la Perse avec l'Inde : on lui donne 15,000 habitants. La mer entoure son port de tous côtés, excepté au midi. Suivant les voyageurs, l'air y est très-chaud et l'eau de mauvaise qualité. Les habitants n'ont d'autre moyen de se soustraire à l'ardeur de la température, que des cheminées hautes et étroites, où le vent s'engouffre pour se répandre dans les appartements, et que l'on nomme Bad-ghir. Les salles souterraines, nommées serdab, sont encore un de leurs préservatifs contre l'étouffante chaleur de ce climat. Tout le territoire est un champ fertile pour l'antiquaire, en raison de la quantité de médailles, de pierres gravées et d'urnes cinéraires des anciens Guèbres, que l'on retire des fouilles qu'on y fait faire. Les montagnes voisines, que l'on nomme Halile ou Khourmoudj, offrent aussi des vestiges d'antiques constructions. Bender-Ryk ou Bender-Reyk, au nord d'Abou Chehr, est une petite place maritime de laquelle dépend un domaine assez considérable. Les habitants logent dans des cabanes de feuilles de palmier. Après avoir passé devant les deux îlots rocailleux de la côte d'Arabie appelés les Coins, on entre dans le golfe Persique dont les côtes offrent un vif intérêt sous le rapport historique. Il y a beaucoup d'Arabes indépendants sur la côte du golfe Persique, et presque tous y vivent de la même manière. Ils ne subsistent, pour la plupart, que par le commerce, par la pêche des perles et celle du poisson. Leur nourriture consiste en dattes, en poisson et en pain de doura. Le peu de bétail qu'ils ont se nourrit, dit-on, aussi du produit de leur pêche. Chaque bourgade a son chef indépendant, auquel elle ne paie presque rien. Les armes de ces Arabes sont le mousquet à mèche, le sabre et le bouclier. Tous leurs bâtiments deviennent navires de guerre lorsqu'ils la font. Ces tribus, parmi lesquels celle des Houles1 est la plus puissante, parlent encore la langue arabe, et sont pour la plupart Sunnites, et de là ennemies nées des Persans, avec lesquels elles ne s'allient jamais. Les maisons de ces Arabes sont si chétives, que l'ennemi regretterait la peine qu'il aurait 1

Niebuhr, Description de l'Arabie, I, 271-274.


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